Qui a peur du petit gentil SketchUp ?
Tout le monde aime SketchUp
Eh bien non ! Certaines personnes n’aiment pas SketchUp et d’autres en ont même peur… parfois avec raison.
En pleine recherche pour un livre sur SketchUp, je me suis lancé à la poursuite des différentes utilisations de SketchUp dans le domaine professionnel. Au hasard des forums de discussion, à ma grande surprise, j’ai découvert certaines méfiances ou antipathies avérées pour SketchUp.
Faut-il avoir peur de SketchUp ?
SketchUp : une menace pour les professionnels de la CAO ?
SketchUp change la donne dans le domaine de la modélisation 3D, c’est un fait. Autrefois réservée à un groupe d’initiés disposant de matériels haut de gamme, de logiciels hors de prix et de formations longues et complexes et utilisant un jargon hermétique, la modélisation 3D s’est à présent démocratisée. Monsieur Tout-le-Monde peut à présent s’essayer à modéliser la maison de ses rêves avec SketchUp. Être capable de modéliser en 3D ne suffit plus pour prétendre au statut d’expert.
Cependant, savoir bien modéliser n’est pas synonyme de savoir bien concevoir un projet. Le travail de l’architecte ou du designer ne se limite pas à modéliser des volumes, à appliquer des textures et à calculer des images. Le travail de l’architecte doit allier à la créativité un sens esthétique développé et la maîtrise de compétences plus techniques, le tout saupoudré d’une bonne de dose de psychologie et de sens du service. Ce n’est pas aussi simple qu’un « pousser/tirer » ! SketchUp ne représente donc pas, selon moi, une menace pour les professionnels consciencieux.
SketchUp : une menace pour les infographistes d’architecture ?
Vous trouverez sur le web de nombreuses comparaisons et discussions sur le « meilleur » logiciel de création d’images de synthèse. Chaque moteur de rendu à ses partisans et ses détracteurs. Et pour chaque solution, vous trouverez des images superbes et d’autres franchement médiocres. Même si les logiciels actuels ont fait de gros progrès pour faciliter la réalisation d’images avec un minimum d’efforts, c’est toujours l’opérateur du logiciel qui fait la différence.
L’impact de SketchUp dans le résultat final d’une image de synthèse est réduit. L’intérêt de SketchUp vient de sa facilité d’utilisation, de sa prise en main intuitive, pas de la qualité du modèle 3D réalisé. Tout ce que vous pouvez modéliser avec SketchUp, vous pouvez le modéliser avec 3D Studio Max, Maya, XSI ou Cinema4D. Le contraire n’est pas vrai… même si je suis parfois sidéré par l’ingéniosité déployée par certains utilisateurs comme Tim Danaher pour contourner les limites apparentes du logiciel.
SketchUp ne constitue donc une menace, à mon avis, que pour les prestataires de services low cost qui n’apportent qu’une très faible valeur ajoutée par leurs réalisations.
SketchUp : une menace pour la créativité ?
C’est un procès fait aux logiciels d’architecture depuis la nuit des temps (à l’échelle d’Internet tout du moins). D’autres que SketchUp en ont fait les frais que ce soit en 3D ou même en 2D. Que leur reproche-t-on ? De limiter le design aux formes et volumes faciles à modéliser avec le logiciel. Et par là même d’entrainer un appauvrissement de l’imagination des créateurs d’espaces comme les architectes ou les designers.
Si c’est le cas pour une infime partie des concepteurs, je pense personnellement que SketchUp est un formidable outil qui facilite au contraire l’expérimentation et booste la créativité. Avec pour conséquence une architecture ou un design de meilleure qualité. Et je persiste à penser que SketchUp devrait être enseigné dans les écoles. 🙂
SketchUp : une menace pour les architectes pré-3D ?
Quelques architectes, surtout parmi ceux qui ont débuté leur carrière bien avant l’ère informatique, n’utilisent toujours pas l’outil informatique. L’apprentissage d’un logiciel d’architecture leur semble insurmontable. Ou une perte de temps ! Après tout, ils s’en sont bien passé jusqu’à présent, pas vrai ? D’autres architectes n’utilisent leurs logiciels d’architecture que comme une super table à dessin, se limitant aux fonctionnalités 2D même si leur logiciel dispose de capacités de modélisation 3D très avancées.
Pour ces professionnels, quelle que soit la qualité de leurs réalisations, SketchUp constitue effectivement une menace. L’absence de représentation en 3D, permettant au client de se faire une idée claire et concrète de leur projet, réduit leur crédibilité aux yeux de clients habitués aux images 3D qui envahissent notre espace de vie. Ce sera d’autant plus le cas si ce client utilise lui-même SketchUp.
SketchUp est-il un concurrent pour les logiciels d’architecture haut de gamme ?
SketchUp étant toujours incapable de produire facilement des plans cotés, je doute qu’il puisse faire de l’ombre aux ténors des logiciels d’architecture. On est loin également de la modélisation paramétrique devenue la norme dans ce domaine, même si les composants dynamiques apparus avec la version 7 de SketchUp en sont les prémisses.
Au contraire ! SketchUp et les logiciels les plus utilisés en architecture travaillent de mieux en mieux de concert. Archicad, Revit, Vectorworks ou encore AllPlan proposent à présent l’importation de fichiers au format SketchUp, que ce soit nativement ou à l’aide d’un plugin.
Et vous, quel est votre point de vue ?
SketchUp constitue-t-il une menace ? Faut-il en avoir peur ?Si vous lisez régulièrement le blog d’ARCH’image, je doute que vous soyez un farouche opposant à SketchUp. Néanmoins, n’hésitez pas à me laisser un commentaire pour partager vos critiques et vos doutes concernant SketchUp. Si vous avez des liens vers des articles ou forums de discussion émettant des critiques (constructives ou pas) sur SketchUp, cela m’intéresse aussi.